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ATLAS

Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique

Grade Master

DNSEP

Année

2022

Introduction

L’exposition “Atlas” présente une sélection d’oeuvres des diplômé·es de l’Ecole supérieure d’art de Dunkerque et de Tourcoing.


On parle de “bagages” : offrir un “bagage” aux étudiant·es pour qu’ils aient “des cordes à leur arc” pour affronter la vie. Que mettent-ils dans leur bagage? Quelles sont ces cordes dont des étudiant·es en art devraient être munis?


Enfants des générations passées, des avancées et des rebours, tel le titan Atlas, les nouvelles générations se retrouvent les épaules chargées de vécus, de pensées, de luttes et de fardeaux qui ne sont pas les leurs. Ces dernier·ères, après une digestion plus ou moins difficile, se trouveront à créer leurs propres conceptions du monde afin de transformer cet héritage, voire même de le sublimer. La voûte céleste est multiple, faite d’infinies possibilités et chacun y va de la sienne.


L’exposition fait également référence à un autre Atlas, celui qui permet la classification, l’ordre et l’organisation des choses qui constituent les mondes des diplômé·es de Dunkerque et Tourcoing. Nommée en l’honneur du nom de la Bibliothèque de l’historien de l’art allemand, Aby Warburg, l’Atlas Mnémosyne, est un important corpus d’images qui avait pour but de mener une histoire comparative, basée sur l’image. Cet atlas porte le nom de Mnémosyne, la déesse de la mémoire, fille d’Ouranos et de Gaïa. Sa réputation ne se limite pas à sa filiation, elle est aussi l'épouse Zeus qui ordonnera le châtiment d’Atlas¹. Une histoire de famille, une histoire du monde.


La crainte de l’amnésie qui était en cours vers la fin du XIXe siècle dans la littérature et autres domaines de pensées, allant de Bergson à Proust en passant par Freud, est au coeur des réflexions de Warburg. Nous avons dépassé l’ère du Zapping pour entrer dans celle du scroll, du reels, des milliers de fenêtres ouvertes sur des mondes, des univers et des vies parallèles. Quel ordre, quelle importance donner aux images ? Cette simultanéité met tout au même niveau et si tout est au même niveau, rien n’est important, donc tout s’oublie.


Ces différents univers se côtoient, se superposent, s’évitent ou se confrontent. Nous avons tendance à oublier ces autres vies, ces autres réalités. Elles sont les différentes facettes de ce globe que de génération en génération nous nous transmettons. La mémoire. La mémoire est clef, nous en sommes tout autant tributaire que créateur.


Les diplômé·es déposeront donc, dans cette exposition, quelques bagages, des choses d’un monde révolu, celles d’un autre en devenir. Quelques propositions de nouvelles façons de voir, de sentir, de vivre précédées par des oeuvres qui glanent ou qui métamorphosent les souvenirs, qui les font autres. Une chose est certaine, c’est que leurs cordes à lier les pensées sont déjà tressées.


Emmanuelle INDEKEU, curatrice de l’exposition.


¹ Après la défaite des titans contre les dieux de l’Olympe, la titanomachie, Zeus condamne Atlas à porter la voute céleste pour l’éternité. Atlas est ainsi décrit comme un des piliers du ciel dans l’Odyssée d’Homère.

L'exposition










BARBET Camille


Le paysage agricole et ses tourments forment une iconographie de la ruine. Son environnement à l’entropie palpable pèse telle l’épée de Damoclès au-dessus de ses protagonistes. La brique constitue l’élément entropique primordial dans ce paysage subjectif car elle en aura été le logis, le rempart, le cocon pour finir par retrouver son statut primaire, celui du hangar en ruine entourant la maison familliale.


Damoclès, Camille Barbet, 2023



BERNARD Camille


Son corps, séparé en deux, prit pour apparence deux formes bien distinctes, l’une l’incarnation de la pudeur, l’autre l’incarnation de la volupté. //sal***// certainement des millénaires après, rejoue une nouvelle fois ce mythe infernal.D’évolution en évolution, la fable a fluctué pour devenir un programme coincé dans la matrice. Conté en 3 parties, #1, #2, #3, la.es protagonistes de //sal***// tente de libérer la parole ou les corps, ou les deux.


//sal***//#2, installation vidéo, 2021-2022,/ sal***//#3, Installation, câbles et néons, céramique, réalité augmentée, Camille Bernard , 2021-2022



CUNIN Marie


Dans ce qu’il reste d’une scène de théâtre, des corps prennent place, se forment, se déforment et luttent pour exister. Décors Nus est une huile sur toile, où se dissimulent aux yeux indiscrets les icônes absentes. Car il faut regarder à travers une certaine fenêtre, un écran de fumée, pour voir apparaître des bribes de peaux mélangées aux pigments, des gouttes de sueur soustraites aux huiles. Il s’agit de compositions invisibles, des décors nus, Vénus pudiques contemporaines, des Caravage arrangés en fragments numériques. L’histoire de l’art ou plutôt ces ruines, que restera-t-il à la fin ? Quand l’organique aura disparu ? Peut-on envisager la possibilité d’une beauté dans cet oubli ?


Décors Nus #2, CUNIN Marie



DEHOVE Anne-Marie


L’ensemble des sculptures donne à voir les vestiges d’un enchaînement de gestes précis, ordonné et répétitif. À travers un protocole de création choisi au préalable, les mains d’Anne-Marie Dehove tendent à devenir machine et, par cela, révèlent l’imperfection propre au corpsqui ne parvient pas à créer des objets totalement identiques.


Gestes, Anne-Marie Dehove, 2022



DELECROIX Laurent

Une mélopée douce et feutrée perce de manière sourde dans le périmètre de l’œuvre. Emprunté à l’art de construire les orgues, le méca- nisme acoustique se désengage du diapason et le désaccordage des flûtes bouchées produit une sonorité ondulante qui convoque la voix céleste. Les vibrations presque imperceptibles, mettent le pigment en mouvement, agitent l’image qui semble respirer. La couleur s’étend jusqu’au bord du support, le son est débord et amplifie le sublime de la peinture.


Monologue,Laurent Delecroix, 2022


Painting Metod #1 est une œuvre hybride entre peinture et sculpture jouant de l’intégration et de la perturbation de lieux et de statuts. L’installation joue sur une connivence entre peinture et objet et révèle une dichotomie entre un monde concret et un monde abstrait, le monochrome. Deux forces sont alors ici en jeu, la révolte des objets et la persistance d’un symbole.



Painting Metod #1, Laurent Delecroix, 2022



DODARD Margaux


L’accrochage est pensé comme une déambulation, un décor, dans lequel le spectateur est amené à passer entre les pièces, à travers, pour les observer, et ainsi créer des rebonds entre elles par des jeux de superposition, d’échos formels et colorés. Ce travail s’inscrit dans une démarche plus globale qui lie différents médiums et questionnent des notions liées à l’interdisciplinarité.


Sans titre, xylogravures sur tulle, Margaux Dodard, 2022. Photo : Hugo Miel



DUMETZ Jenn


Des déambulations matérialisent ces moments d’errances durant lesquels je récolte le réel, mon attention se pose sur cette banalité curieuse que je capture par le biais de prises de vues vidéos et photographiques. Ce qui m’interpelle ce sont ces moments qui semblent presque fictionnels et qui pourtant sont là, proches de nous, ancrés dans nos quotidiens mais qu’on ne distingue plus car habituels.


Des déambulations, Jenn Dumetz, 2022



EVERAERT


Pleurotus est une série de photographies à dimensions variables. Pleurotus interroge nos relations aux organismes, par le prisme du champignon dont les capacités et l’intelligence autant que les formes sont surprenantes et ont beaucoup a nous apprendre. Les champignons sont des êtres vivants constituant, à eux seuls, leur propre règne biologique : le règne fongique. Ce ne sont ni des plantes, ni des animaux. Le champignon, tel que nous le connaissons dans la nature, n’est en fait qu’une simple partie visible d’un organisme bien plus complexe qui se développe sous terre.




Julie Pleurotus, Julie Everaert, 2021



HACHE Anaïs

« Réflexion sur la dualité entre le monde de l’adulte et celui de l’enfant. Le point de départ de ce projet a été le recensement de formes de modules d’aires de jeux qui représentent la lucidité du monde de l’enfant. Cette ville est une mutation de ces deux mondes. Comment le monde de l’enfant peut s’adapter à celui de l’adulte et vice-versa ? Après la découverte de l’ouvrage de Vincent Romagny, Anthologie Aires de jeux au Japon, Anaïs Hache est partie de ses archives comme base de travail de recherches de formes ludiques. Elle a sélectionné un catalogue spécifique dont l’entreprise a été citée dans cet ouvrage. Pour cette installation, l’artiste a créé des découpes et des pliages à partir de l’inventaire de formes extraites du catalogue.


Cité Achrome, HACHE Anais, 2023


HSU Hsiao-Mei


L’installation se compose des récits qui racontent les souvenirs de l’artiste de Taïwan, son pays d’origine, et les vidéos prises en France. Nous nous trouvons dans cet univers multiple et ambigu : celui des récits, celui des images, et celui créé par leur superposition. Avec cette œuvre, Hsiao-Mei Hsu tente de traiter le phénomène de l’ubiquité, la confuse d’espace-temps et une réalité fragmentée et dispersée, une expérience qui est surtout vécue de nos jours. Il est également une tentative de la part de l’artiste d’essayer de se repositionner dans un pays accueillant.

Un message est transformé en forme de cette installation. Il est coupé en lettres et dispersé dans l’espace. Chaque boule fait une lettre, représentée par une mini sculpture de fil doré à l’intérieur. Les lettres sont ensuite traduites en notes, qui diffusent dans le vide. La forme des boules est dotée de fissures et de défauts, les sculptures des lettres sont déformées, les phrases sont fragmentées, les notes restent les codes à déchiffrer. Avec cette installation, Hsiao-Mei Hsu valorise l’état de fragilité, d’imperfection, et d’échec. Le message à la fois nous appartient et nous échappe.


Chez moi , Hsiao-Mei Hsu, 2022


Tu ne seras jamais tout.e. seul.e, Hsiio-Mei Hsu, 2022



MEGAHED Randa


Ce projet est une recherche sur la répétition du geste et sa transformation. À la base je voulais explorer l’état du corps quand il répète le même geste pendant un certain temps jusqu’à ce qu’on atteigne ce qu’on appelle l’état de flux ou de transe, c’est quand le corps est totalement absorbé dans le mouvement qu’il ne pense plus et il cède au mouvement et puis je voulais re- transcrire cette répétition sur forme graphique visuelle. J’ai commencé par ce dessin dans la cadre du 1er festival des perspectives des traits.


Répétition, Randa Megahed, 2022



MERCURIN Annabelle


Les sépultures est une installation regroupant des interventions urbaines et des micro-perfor- mances et évoque la notion de déchet. L’intervention urbaine repose sur un détournement d’objets liés aux rites funéraires occidentaux disposés près de déchets. Les traces photographiques viennent dialoguer avec la diffusion de micro-performances consistant en un récit de prières d’adieux aux déchets comme lors de l’enterrement d’une personne défunte.


Les Sépultures, Annabelle Mercurin, 2022



MIEL Hugo


En fin d’après-midi, un homme se promène dans la forêt. Il se blesse à quelques ronces, marche dans la boue, et trébuche sur certaines branches. Il fait particulièrement froid et l’eau commence à geler par endroits. Dans sa tête tout est ambigu, il s’est fait dessus. Le sable glisse sous les chaus- sures d’un homme sur une plage du nord de la France. Les nuages obscurcissent l’horizon et transforment ce paysage brumeux en une toile de fond. L’odeur de l’eau salée se mélange à d’autres parfums moins exquis, il semblerait qu’on se soit oublié.



Hugo Miel, Un après-midi à la plage, photographie numérique, 110x165 cm, 2023



RADWAN Mariam


Le travail s’appuie sur des souvenirs de trajets, de parcours dans mon pays d’origine : l’Égypte, mais également dans le territoire du nord de la France dans lequel j’habitais. Ceux sont des cartographies de mes propres déplacements le long de terri- toires familiers. Après avoir documenté les dépla- cements de mon corps dans ces espaces, j’ai créé ma propre cartographie qui fait se superposer deux temporalités et deux endroits (Égypte et France). Mes cartes proposent au spectateur une lecture de mes déplacements dans un nouveau territoire. Je traduis la linéarité, je lie deux pays et deux cultures qui cohabitent alors en même temps



Series Cartes imaginaires : Mix Metro/ Le Caire, Hauts- de-France/Nord-Pas de Calais/ Le Caire,Tourcoing/Heliopolis/ Nasrcity/ Zamalek> performance: Google Map, RADWAN Mariam



ROSATI Emilie

Cosmogonies Personnelles, Émilie ROSATI

Ces xylogravures abstraites sont le fruit d’une expérimentation basée sur un protocole strict. En résulte une série de nuages de points rappelant des ciels constellés d’étoiles.Le titre, Cosmogonies personnelles, évoque la création de l’univers au sens premier mais éga- lement dans le sens de l’intime, de la construction personnelle. Les dessins de base viennent de mes proches. J’en garde des pointillés, comme des scintigraphies. Des échantillons, d’in- fimes fragments de l’autre qui me permettent de me construire moi-même.




SOUAIED Robin


Trois sculptures traitant du rapport à l'ornementation dans l'architecture religieuse.


Ovoid /high existen’z/amphore 1/sérum, Robin Souaied, 2022



YU Zhongxing


Mon travail reflète l’utilisation des mo- saïques, en conservant la brutalité et le sang des images, en remplaçant le vrai sang par du sang bleu.Cela permet d’accepter dans une certaine mesure les scènes violentes et de satisfaire la curiosité du public à l’égard des photogra- phies originales. La forme picturale suggère au spectateur que ces œuvres ne sont pas réelles et que la violence devient ainsi un objet esthétique. Faire regarder ces corps fragmentés de ma- nière plus rationnelle, en traitant la per- sonne blessée comme un objet, ce qui à son tour devient un acte plus violent.



Mosaïque, Zhongxing Yu, 2022

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