
L’exposition réunit un ensemble de jeunes et anciens artistes diplômé·es de l’École Supérieure d’Art de Tourcoing qui, chacun·e à leur manière, réactivent aujourd’hui la peinture comme espace d’expérimentation. Loin de toute nostalgie du geste ou du médium, leur pratique témoigne d’une attention particulière aux mutations de l’image, aux matérialités contemporaines et aux hybridations disciplinaires. C’est une peinture élargie, une peinture-pensée, qui refuse les cadres fixes pour explorer le politique, l’intime, le récit, l’espace pictural, le numérique et la plasticité.
Chez ces artistes, la surface picturale devient terrain d’enquête. Elle se fait écran, objet, fragment, empreinte. Elle capte, absorbe, rejoue. Certains détournent les codes de l’abstraction ou de la figuration pour en révéler les tensions. D’autres incorporent à leurs œuvres des éléments textiles, technologiques ou performatifs, dans une logique de contamination fertile. Cette pluralité ne dissout pas la peinture, elle en redéfinit les contours avec acuité.
Formé·es dans un contexte d’ouverture interdisciplinaire, ces artistes inscrivent leur travail dans une dynamique vivante, en prise avec les enjeux du monde actuel. La peinture devient alors un outil critique, une forme active de présence au monde. Elle interroge ce que c’est que voir, faire image, produire du sensible dans un environnement saturé de signes.
Ainsi, l’exposition ne cherche pas à dresser un panorama, encore moins à figer une scène. Elle offre plutôt un instantané, un éclat collectif : des démarches singulières, autonomes, mais traversées par des questions communes. Comment faire encore peinture aujourd’hui ? Quels gestes, quelles matières, quelles formes pour dire la complexité du présent ?
Alexis Trousset
Professeur de gravure, site de Tourcoing

Peindre, encore et encore ?
En 2025, se poser cette question n’a rien d’anodin et pour quiconque pratique l’art, elle demeure d’une actualité brûlante. Pourquoi continuer à peindre aujourd’hui et à persévérer dans ce geste ancestral, alors que nos existences sont saturées d’images, que les écrans pullulent et que l’intelligence artificielle produit des œuvres en un clin d’œil ?
Peindre, aujourd’hui, c’est faire le choix du temps, du corps, du regard, de la matière. C’est préférer la lenteur à la précipitation, la présence à l’écran, le doute à l’illusion de la perfection. C’est recommencer un geste qui depuis des siècles nous relie à ce qu’il y a de plus fragile et de plus tenace en nous. C’est admettre qu’on ne peint jamais deux fois le même tableau.
Car ce geste revient, par nécessité, parce qu’il est impossible de s’arrêter, parce qu’il subsiste dans le pigment, le pinceau, ce feu qui ne s’éteint pas, ce besoin de donner forme à ce que les mots ne savent exprimer.
Peindre exige du silence et du temps : c’est chercher, douter, recommencer, échouer, puis repartir. Mais c’est aussi risquer de s’égarer dans le jardin d’Armide, ce lieu enchanté où l’on se perd dans la beauté, le plaisir du regard, la séduction des formes. La peinture peut charmer, endormir, nous enchaîner à son propre luxe. Comme le chevalier Renaud du mythe, l’artiste doit sans cesse choisir : céder à la fascination ou s’en détacher. Revenir à la peinture non pour s’y cacher, mais pour l’habiter autrement.
Faut-il rompre l’enchantement, comme Renaud quittant Armide, ou peut-on habiter ce jardin différemment avec lucidité et conscience ?
Peindre aujourd’hui, c’est accepter de se perdre dans ce jardin, et pourtant… On y revient, encore et encore et comme Renaud on demeure fasciné.
Il s’agit de revenir dans ce jardin les yeux ouverts, et de faire du visible un espace de pensée, de trouble et d’éveil. Comprendre que chaque toile est une nouvelle traversée entre l’image et sa disparition, entre l’enchantement et le geste, entre l’histoire et l’indicible.
Peindre sans relâche, c’est alors accepter cette tension.
Ni fuir la beauté, ni s’y abandonner, ni renoncer à la forme, ni s’y enfermer.
Voilà peut-être, aujourd’hui, le véritable défi de la peinture : traverser le jardin en restant éveillé.
Y marcher avec clairvoyance. Faire de la peinture un lieu de trouble, d’interrogation, de surgissement, non de simple ornement, non un espace d’endormissement mais un lieu d’éveil sensible.
Peindre, encore et encore : ce n’est pas répéter un savoir-faire, c’est revivre à chaque fois l’expérience du commencement.
Aujourd’hui, la peinture est un champ ouvert, fragile et vibrant, où le geste et l’idée se croisent, s’affrontent et s’étreignent. Elle résiste, se transforme, renaît sans cesse, comme une langue à réinventer.
Car la peinture n’a jamais cessé d’être vivante !
Jean-Claude Demeure
Professeur de peinture, site de Tourcoing

Le métier de peindre
Cette exposition n’est pas qu’un hommage à la peinture : elle en est une preuve vivante. À travers elle, se dessine une communauté de regards, de gestes et de convictions partagées – au-delà des générations ; une communauté qui réfléchit sur la question pérenne de qu’est-ce que la peinture aujourd’hui.
Peut-être est-il intéressant de se questionner sur les motivations qui mènent ces artistes, encore aujourd’hui, à persévérer dans ce métier dur, difficile, acharné qui est celui de l’artiste peintre, où rien n’est donné dans le chemin qui est le nôtre, et dans lequel tout est à perdre ou à gagner, à chaque instant.
Car les enjeux de ce métier sont délibérément personnels : les émotions et interrogations que le peintre vit sont les siennes, inséparables de son geste pictural – dépendantes de celui-ci. Aussi indescriptibles que les leçons qu’il en apprend pendant les innombrables heures passées devant sa toile. Ce sont ces milliers d’instants qui deviennent des centaines et milliers d’heures passées sur des questionnements, sur des choix de couleurs, contrastes, compositions et sujets de la peinture. Une quantité immense d’expériences vécues, dont les œuvres restent le témoin silencieux.
Ces leçons, des générations de peintres les ont apprises, en les payant à prix fort à travers l’investissement du temps qu’elles ont passé dessus. Un coût cher, mais nécessaire, car seul cet investissement permet d’accéder à une vérité d’une incroyable simplicité et dont l’évidence frôle le truisme : la peinture reste un chemin unique à chacun et chacune.
La valeur de la peinture ne serait-elle donc pas à rechercher dans ce questionnement atemporel de son propre sens ? Une telle valeur est capable de capturer des temporalités autres : celles du geste répété, de l’erreur qui devient atout, du temps passé à regarder, à effacer, à refaire. Ce temps-là, celui de la fabrication, rappelle que faire de la peinture, c’est encore et toujours s’acharner, se confronter à la matière, au doute, à la durée.
Ainsi, le métier du peintre apparaît dans toute sa complexité : un travail avec un engagement dans le temps, une fidélité à une pratique, même lorsqu’elle semble à contre-courant, mais aussi un travail d’entrepreneur discipliné et fort motivé pour survivre et s’affirmer.
Faire le choix de montrer des générations de peintres qui ont continué à faire leur travail et à forger leur chemin après avoir fini leurs études, c’est se situer dans le présent et la réalité d’un monde qui existe, survit et, surtout, fleurit. C’est aussi offrir aux étudiantes et étudiants une vue d’ensemble sur une partie de leurs confrères qui ont parcouru ce chemin avant elles et eux.
Dominic Virtosu
Professeur de peinture, site de Tourcoing

THIBAULT BAROIS
Ma production s’oriente autour de l’étude empirique de certaines conventions de la société contemporaine. Les modalités esthétiques déployées par les instances et les plateformes sont autant de terrains d’enquête. Chaque item a son propre formalisme et sa propre logique esthétique. L’interface par laquelle j’entre en connexion avec ces systèmes est celui de l’atmosphère.
Il s’agit du cadre d’expérience perceptive au travers duquel nous apparaissent les différents phénomènes, naturels et artificiels. L’urbanisme, l’architecture et les conventions administratives sont autant d’éléments producteurs d’atmopshère à analyser par différents médiums, chacun ayant son mode d’étude optimal.
La société post-moderne produit des signes. Ils encadrent nos champs visuels au quotidien, qu’ils soient matériels, industriels, écrits, ou issus de formalismes documentaux. Ces derniers forment une mega-structure, un tissus d’intrication graphique à partir duquel je travaille de nouvelles formes.
D’autres médiums sont alors convoqués pour interpréter ces
systèmes esthétiques : le dessin, la sculpture, l’installation, ou encore la vidéo. Le domaine de l’écriture capte tout particulièrement mon attention notamment sa formation, le geste qu’elle convoque et son rapport au signifié. Je cherche à produire des objets qui peuvent brouiller le travail des archéologues du futur, comme des faux documents, des faux manuscrits et autres artefacts.
membre du Duo des Terres (avec Amine Haddadi)
résident du Onze Box
instagram : @lux_totema



LOUISE CARBONNIER
Diplômée en 2018, je développe dans ma pratique une démarche formelle. Influencée par les cartes, les éléments constitutifs de la cartographie (comme le cadre, la grille, la charte des symboles, le type de projection) m’intéressent énormément, et je passe beaucoup de temps à rechercher des cartes et à m’intéresser à leur histoire.
En isolant des « faits picturaux » (certaines lignes, formes, textures, couleurs) pour les transformer en motifs, je crée de la matière que je colle sur de la tarlatane — une fine gaze amidonnée, qui elle-même peut être peinte — tendue sur châssis. Avec ces papiers que je fabrique moi-même, où je peux jouer sur l’opacité, la transparence et le motif, je façonne des espaces faits de superpositions et d’enchevêtrements, où les couches se répondent et se combinent.
Les espaces modelés ainsi forment une sorte d’analogie avec la formation du paysage et ses différentes temporalités, et laissent à voir leurs strates successives de papiers, aux vitesses de réalisation différentes.
Ma pratique ne s’attache pas à représenter des espace déjà appréhendés ou existants mais à former, grâce à des contraintes protocolaires et l’ajout de nouvelles formes, des nouveaux espaces picturaux reliés au réel, entre figuration et abstraction.



MARIE CHARPENTIER
Détourner les formes et les couleurs du végétal, équivaut à polluer l’image que nous fantasmons d’une nature intacte, saine, foisonnante. Quand la couleur perd sa logique, l’œil cherche sa cause.
Illusion d’une nature familière, mes peintures proposent des métamorphoses d’une végétation en proie à des adaptations contraintes et fantaisistes.
Mettre ces spécimens végétaux au centre de mes recherches graphiques, est pour moi l’occasion de questionner notre rapport au paysage. Considérons nous un paysage comme un écosystème, ou une composition.
Les arbres et la flore, par leurs comportements, et réactions face au changement climatique, sont devenus des témoins des inquiétudes de notre époque. À l’image de la peinture d’histoire révélant des faits marquants plus ou moins romancés, les scènes de mes peintures mettent en scène une flore personnifiée, prenant le rôle de témoin d’un déclin.
Reflet réaliste ou non, aujourd’hui son existence, sa survie étant largement inquiétée, mes peintures sont habitées de ces individus mutants, luttant contre des pollutions et invasions.
Franches et données au regard, distordues, évasives ou assaillantes, les lueurs donnent vie à un sujet familier, pourtant réputé statique. Les paysages, les compositions aux airs d’études, et les délires formalistes font alors voyager le regard, l’incarnant dans des subjectivités troubles, nous mettant à la place de regardeurs non-identifiés. En s’employant à n’être jamais égale à elle-même, je conçois donc des points de vue situés hors de nous, sur un monde que pourtant nous partageons.
https://www.instagram.com/charpentier.marie.olga/
charpentier.marie.olga@gmail.com
Résidente à l’atelier Onzebox, Impasse Saint Joseph, Lille.



AURÉLIE DAMON
Aurélie Damon est une artiste française, licenciée d’arts plastiques et diplômée de l’Esä de Tourcoing en 2005, elle n’a eu de cesse de développer une création originale et variée, expérimentant les supports.
Dès cette époque elle développe son processus de création en mettant en place une bibliothèque d’éléments graphiques, dessins, aquarelles, qu’elle numérise, dans une motifothèque constamment enrichie, exploitant ces éléments de collection dans des combinaisons graphiques protéiformes et hybrides, végétales et poétiques, inspirées du réel et de l’imaginaire.
Son travail se présente sous différents supports, allant du papier, aux impressions numériques, caisson lumineux, plexi à la toile et la surface murale, parfois monumentale.
Ses sources d’inspiration trouvent leurs origines dans la cartographie et le paysage urbain en mutation qui la fascinent. Le végétal et l’organique s’y mêlent en offrant aux spectateurs des estampes aériennes et des compositions graphiques et picturales qui oscillent en un jeu d’échelles.



LAURENT DELECROIX
Ce qui reste quand tout a disparu ou
Le dernier battement de l’oubli
Dans sa démarche plastique comme dans ses écrits, Laurent Delecroix revendique pleinement son inscription dans une histoire de l’art de l’abstraction résolument tournée vers une distanciation avec le geste, objective, délivrée des oripeaux du symbolisme, du romantisme ou de l’expressionnisme. Une abstraction qui s’appuie sur la mise en place d’un protocole précis, quasi-clinique. Si le savoir-faire s’apparente - quand on en connait les arcanes - à une véritable prouesse technique, il n’en constitue en aucun cas l’alpha et l’oméga de la démarche. La finalité ultime ne réside pas dans le process qui a été mis en place pour y aboutir mais dans sa négation même. C’est l’absence de toute trace qui est censée permettre la rencontre du spectateur avec l’œuvre, avec la Peinture, pourrait-on dire plus justement. La surface colorée apparaît ainsi dans son essence et dans sa nudité. […]
Fabienne Grasser-Fulchéri
[...] Dans une conscience singulière de l’histoire de l’abstraction, Laurent Delecroix met ainsi l’expérience de la couleur à ses limites ; jusqu’à quel point peut-on encore en faire l’expérience ? […]
Romain Mathieu



JEAN-CLAUDE DEMEURE
Artiste plasticien et professeur de peinture à l’École supérieure d’art | Dunkerque-Tourcoing, Jean-Claude Demeure vit et travaille à Bavay à l’atelier reine Brunehaut. Héritier des « tailleurs de couleurs », il entreprend depuis le début des années quatre-vingt-dix un travail de peinture où il questionne le conflit entre la ligne et la couleur.
Taches de lumière dansant sur le sol filtrée par le feuillage des arbres, jardins, sous-bois, troncs moussus, fleurs, univers végétal et motifs textiles deviennent vocables d’une grammaire picturale et colorée déclinée en peinture, estampe et livres d’artiste.
Tout un univers proche de l’artiste avec lequel il entre en dialogue et lui permet de tailler, découper et cultiver la couleur afin de mieux entrer sur la pointe des pieds dans le jardin/Paradis de la peinture.



LIONEL DESCAMPS
Je ne travaille pas à partir d’un sujet, mais plutôt à partir de sensations que je saisi au hasard de mes recherches et que j’essaye de mettre en forme avec le vocabulaire qui est le mien. Ce qui provoque chez moi l’impulsion première c’est évidemment la couleur, mais plus encore les valeurs de couleurs. Ces valeurs ne sont pas créées de manière traditionnelle, ce qui consisterait à rompre, rabattre ou encore dégrader la couleur par l’ajout de blanc ou de noir, mais sont produites en travaillant la peinture à l’huile comme un matériau sculptural. Plier, couper, assembler, stratifier, éplucher, superposer, adjoindre sont autant de gestes qui m’ont permis de ne plus représenter les volumes mais de les présenter, de les faire émerger directement dans l’espace du spectateur. Ainsi, les volumes formés sont une sorte de trait d’union entre l’espace réel et celui du tableau, brouillant par là même les frontières entre réalité et représentation.
Ma démarche met en avant la dimension haptique de la peinture. Face aux très nombreuses capacités des autres médiums bidimensionnels (photographie, numérique...), la variété des textures et les qualités tactiles obtenues par ce procédé me permettent d’affirmer la place de ce travail pictural dans le champ de l’art contemporain. Pour oeuvrer à cette richesse, les outils utilisés peuvent être industriels ou encore issus de l’univers de la pâtisserie (moules, douilles, grattoirs..).
Dans ma démarche le format à une place fondamentale. Je lui donne des formes, des tailles et des épaisseurs variées pour mettre en avant sa capacité de puissance figurative et m’abstraire totalement durant le temps de la peinture du souci de représentation. Les plis, les entrelacements et les recouvrements de matière mettent la composition en mouvement et forment un équilibre précaire, révélant les forces invisibles et métaphysiques qui sont à l’oeuvre. L’ensemble peut évoquer un corps humain, un paysage, de la nourriture ou encore des objets, mais souvent ces éléments coexistent de manière simultanée dans le même tableau. Les formes adviennent dans le processus créatif par compression, subduction ou encore morphogenèse à l’instar de la nature dont nous aurions le gain à nous rappeler qu’elle est un si doux guide.



PHŒBE DINGWALL
Les peintures que je présente ici font partie d’une série dont l’origine réside dans des dessins réalisés sur différentes pages de livres qui m’ont été offerts. Deux l’ont été par ma grand-mère, l’un intitulé ‘Time and Tide’ (le temps et la marée), l’autre ‘Sesame and Lilies’ dont l’auteur, Ruskin, porte le nom de l’école d’art où j’ai été diplômée à Oxford. L’autre livre que j’ai dessiné est ‘The Power of Now’, un livre de ‘self help’ (développement personnel). J’ai alors décidé à ce moment-là qu’il m’était plus utile de dessiner et peindre ce que je voyais autour de moi, que de suivre les conseils du livre.
Pendant un an, j’ai peint une fleur différente, jour après jour, comme dans un journal intime. J’ai dessiné une fleur, une feuille ou une forme naturelle, chaque page devenant une méditation visuelle sur le quotidien. Les dessins venaient peu à peu recouvrir, effacer, faire disparaître le texte initial du livre, notamment celui du livre de développement personnel, comme une manière de remplacer les injonctions par l’observation, le geste et la création. J’ai extrait des mots du texte qui résonnaient en moi. C’est un mélange de dessin, d’écriture, de mots, de textes, de couleurs, de formes, de lignes, de lavis, une peinture qui change au fur et à mesure avec le temps — une observation de la nature et de la multitude des formes qu’elle propose.



MARGAUX DODARD
Par un jeu de formes abstraites extraites du réel et d’aplats colorés, Margaux Dodard circule à travers différents médiums dont elle peut détourner l’usage seule et/ou collectivement.
De la toile au rideau, des carreaux de céramique jusqu’à l’assiette, les supports utilisés ne cessent de croître et permettent de créer un terrain de jeu interdisciplinaire.
Récemment, elle se focalise sur la technique du tissage pour comprendre cette écriture ancestrale et analyser les textiles qu’elle utilise pour peindre.
La couleur devient un élément tangible : un langage visuel sur lequel ricocher et expérimenter durant des temps d’ateliers, de rencontres, de repas dans des espaces scénographiés plus intimes.
La création de pièces plus usuelles permet d’établir un lien avec les personnes désireuses de s’en saisir. De ses interactions surgissent de nouvelles réflexions qui viennent alimenter sa démarche.
Diplômée de l’Esä -Tourcoing en 2022, à la suite d’une formation en arts de la scène (CRD de Tourcoing et université de Lille), Margaux poursuit ses recherches en investissant des espaces domestiques et en questionnant le rapport au décor, à l’habitat grâce à une résidence de recherche et de création à artconnexion, à Lille en 2023, et plus dernièrement à La Maison Pressée à Rouen en 2025 (région d’où elle est originaire). Ses pièces ont également été visibles à Roubaix, Mons, Athènes et Bruxelles. Elle rejoint l’atelier formcore en 2024, et intègre également dès 2023 « la Mutuelle de la Racle » dans laquelle elle collabore avec d’autres artistes pour l’impression de visuels sérigraphiés.



CAROLINE EBIN
Mes recherches ont pour objet les représentations de la « data » culture. Je joue avec les codes de l’iconographie capitaliste et médiatique inscrits dans l’imaginaire collectif.
De mon expérience en audit, j’ai gardé l’exercice du doute raisonnable. Je pratique un audit plastique. J’attrape des tableaux et des graphiques sur internet. Je les découpe, les agrandis, et je peins. Pour moi, peindre, c’est interroger les formes, les confronter à mes certitudes, à nos limites, et n’en tirer que « ça ». Il y a quelque chose de mystérieux, une croyance de l’ordre de la foi, quelque chose de religieux dans notre regard.
Après des études à l’Esä I Dunkerque-Tourcoing, j’ai participé au Salon de Montrouge en 2015, et j’expose aujourd’hui en France et en Amérique Latine.
Instagram : caroline.ebin12



ANAÏS HACHE
Contour de l’espace occupé et construction par la couleur et la matière
Par un rapport à la couleur très présent dans son travail, Anaïs explore différentes thématiques dans ses projets dont notamment la maquette, la cartographie, les répertoires de motifs de loisirs et les modules de jeux.
Elle travaille essentiellement le papier et d’autres matériaux simples comme le carton ou le bois, qu’elle découpe, numérise, plie, taille, colle, met en forme dans l’espace.
Son travail plastique aborde une dimension de la vie contemporaine, trop souvent considérée comme triviale ou sans importance : le jeu sous toutes ses formes, celui des enfants, mais aussi celui des adultes par le biais des traces laissées dans leurs jeux d’enfance ou bien des structures ludiques urbaines de loisirs des grandes zones métropolitaines. On peut penser aux stades sportifs, aux circuits de course, aux parcs dans lesquels se situent souvent des aires de jeux, qui peuvent être destinées aux enfants.
Elle puise ses inspirations dans des domaines et des lieux variés ; cela va de l’architecture, par un intérêt porté à la ville jusqu’au graphisme dans ses formes diverses. Elle questionne aussi la notion d’échelle à travers la manipulation de la taille des objets et leurs transformations, qui une fois présents dans l’espace d’exposition n’ont plus leur aspect de départ.
Née en 2000 à Nantes, elle a vécu dans le Tarn et est actuellement installée dans la Métropole Lilloise.
anaishache.wordpress.com - @anais.hache



AMINE HADDADI
Né en Algérie en 1992, il poursuit des études en architecture à l’université de Béjaïa avant d’émigrer en France à 23 ans pour devenir artiste. Il obtient un DNSEP en 2021 à l’École supérieure d’art de Tourcoing. Il est l’un des deux membres du Duo des Terres, installé aux ateliers du Onze Box à Lille.
Je considère chaque médium comme un langage. Écrire par l’image, le son ou la peinture me permet d’aborder le passage d’un espace physique à sa représentation poétique.
J’explore en peinture le rôle du bord et de l’interstice dans la création de phénomènes optiques.
L’évidement de formes géométriques simples me permet l’interaction de la couleur avec les supports utilisés. À l’endroit où se suspend la couleur, les partitions résonnent et révèlent le travail de la matière autant que le silence du peintre.
Ma pratique est nourrie par l’observation prolongée d’espaces géographiques homogènes : zones industrielles, terrains de foot, champs de culture, jardins de pierre. Je puise dans ces organisations des protocoles de régulation que je reconduis dans mes toiles par les moyens de la peinture.
En photo, il s’agira d’un espace physiquement exploré et reporté par l’image, de type artistico-documentaire. La représentation de paysages calmes, d’objets, voire d’indices, forme une cartographie subjective des territoires que j’investis dans la durée.
Ce qui m’intéresse dans les territoires que j’explore, c’est le contraste entre leur apparente simplicité — qu’elle soit visuelle ou symbolique — et la profondeur de la cartographie mentale qu’on en fait. Là où je reste, un lien peut se tisser.



PAUL KRULIC
Sliding structures est une série de peintures encore en production ayant comme sujet la structure d’espace (principalement urbain). Ce sujet tend à disparaître et bascule largement vers l’abstraction. Deux éléments, la structure (ou la construction en perspective linéaire) et ce que nous pourrons appeler la texture (terme emprunté au lexique de la modélisation 3D, ce qui complète la structure) se confrontent ici. Des lignes rouges affirmées découpent l’espace de la toile, les couleurs peintes sont contenues par ces lignes.
Ces productions sont peintes à la manière des peintres de fresques de la renaissance. Empruntant les techniques dites al secco, mélange de chaux et de pigments, ces toiles sont construites tels des murs.
En s’ancrant donc dans les prémisses de la construction en perspective linéaire, invention humaine permettant de comprendre et de soumettre l’espace (lire Les origines de la perspective, Hubert Damisch, Revue macula 5 ), ces propositions dressent une vision de l’espace tumultueux, en conflit avec les éléments qui le composent.


RENAUD LOUCHART
Né en 1981 à Lille, j’ai obtenu mon DNSEP à l’ERSEP de Tourcoing en 2010.
Je m’intéresse à la dynamique du motif, sa répétition , sa géométrie et sa réalisation rigoureuse. Le motif m’apporte une structure « raisonnée » sur laquelle j’oppose une facture plus chaotique.
Le but étant d’attaquer la rétine.
Je me questionne aujourd’hui, par le biais de ma profession, sur la peinture murale.
Côtoyant les artistes de l’art urbain et travaillant parfois avec eux , je m’interroge en effet sur l’œuvre peinte, la mienne en l’occurrence. De la solitude de l’atelier à l’interaction de la rue. De l’œuvre qui s’impose au regard curieux ou désinteressé.



JONATHAN MICHEL PAUL
Jonathan Michel Paul vit et travaille à Marseille.
Construire, détruire et reconstruire, tel est le processus créatif qu’il adopte au cœur de sa recherche artistique, notamment dans ses travaux picturaux et d’estampes. À travers une interprétation ludique de sa pensée, son œuvre se retrouve sur la toile ou le papier, décuplée et retravaillée.
Au-delà de la symbolique créée par le travail, c’est la récurrence des motifs qui fascine l’artiste. Tout l’intérêt de l’œuvre se trouve dans la proposition d’une image nouvelle développée par d’autres images existantes. Elle permet ainsi à une expression de venir à elle, tout comme au spectateur, dans le but d’être réinterprétée à l’infini.
La forme, dans le travail de Jonathan, prend son sens dans l’existence de la contreforme. Tout est jeu et la place du hasard à tout son rôle à jouer dans le contrôle absolu.
La servitude volontaire est omniprésente dans sa démarche.
L’écriture est spontanée mais réfléchie, l’accumulation de formes exagérée, le trait lourd mais toujours raisonné.



PIERRE SAUNIER
Le textile et le monde de la tapisserie sont des univers cotoyés une grande partie de ma jeunesse. Aujourd’hui, avec recul, je m’aperçois qu’ils ont nourri en profondeur ma pratique picturale. L’atelier du tapissier est un monde en soi : un foisonnement de motifs généreux et de couleurs vives, disposés en apparence au hasard, guidés seulement par la main de l’artisan, la fonction et le lieu.
Dans mes peintures, je rends compte de ces impressions persistantes qui m’ont imprégné inconsciemment toutes ces années.
Je m’intéresse à la manière dont la peinture entretient un dialogue avec l’espace intérieur, avec le textile, ses traitements, ses usages, ses formes. Ma pratique frôle parfois le décoratif sans jamais y céder entièrement. Elle explore les territoires du champ pictural non figuratif. Depuis plusieurs années, ce socle s’est transformé. Ma peinture s’est déplacée, tout en gardant ces couches sensibles en arrière-plan. Je travaille aujourd’hui sur une série que j’intitule Falaise.
Ces tableaux font référence, de manière très lointaine, à mon enfance et aux paysages qui m’ont entouré.
Mais il ne s’agit pas de paysages fidèles, ni de souvenirs exacts : on est ici dans une forme d’abstraction, presque dans le paysage fantasmé.
La double lecture m’intéresse : une frontalité de la matière, et une profondeur imaginaire. La falaise est une forme. Elle peut surgir comme un mur de craie, brut, dont la lumière révèle chaque variation ; ou bien elle peut s’éloigner, devenir ligne d’horizon, masse immense découpant le ciel, strates superposées de mer, de roche, de pâturages. C’est ce jeu entre le proche et le lointain, entre le sensible et le reconstruit, entre la mémoire et la surface, qui m’importe désormais.
Sans oublier, que tout cela reste motif pour peindre.
https://www.instagram.com/pierre.saunier/



THIBAULT SCHIELL
Ma peinture se caractérise principalement par la notion de « temps ». La notion de temps vient avec l’utilisation des couches : les plus profondes symbolisent le premier temps, la première action sur la toile à la manière de strates. Les toiles se construisent comme des masses qui peuvent être superposées, collées, découpées et redécoupées. Ces actions sont possibles grâce à l’utilisation de certains matériaux comme le papier de soie. En plus de créer des transparences, le papier de soie crée un réseau de couches. Ce matériau permet ainsi de couper et de creuser la toile. Plusieurs techniques de peinture utilisées avec des papiers collés, comme l’acrylique et la tempera à l’oeuf, mises en oeuvre au sein d’une même toile, me permettent d’obtenir des textures différentes. L’ajout d’autres masses qui semblent comme en trompe-l’oeil être la continuité de masses plus basses viennent aussi revaloriser des anciennes parties. Les toiles communiquent.
Certains morceaux découpés viennent par une « greffe » sur d’autres masses et/ou sur d’autres toiles et vont servir à développer et à faire muter ces masses à leur tour.



JANUSZ STEGA
C’est dans la solitude de l’atelier que Janusz Stega a approfondi ce travail de peinture pure, basée sur un certain nombre de décisions : choix des outils (rouleaux à motifs des artisans peintres polonais, spalter de 15 cm), choix des pigments et liants, et répétitions de gestes très contrôlés. Ainsi se sont construites ces peintures épaisses, composées de multiples passages de pinceaux imprégnés de couleurs différentes, des sortes de bas reliefs.
Historiquement, une œuvre suffirait pour résumer l’ensemble du travail de Janusz Stega et nous donner la genèse de cette série : Rétrospective-Couloir (Domus 1), réalisée en 1996 dans un couloir d’appartement privé à artconnexion, Lille. On part du bi-bande : un mur peint artisanalement de deux couleurs fréquemment utilisées dans les bâtiments publics polonais, en province…, jaune pâle en haut et un ocre jaune brillant en bas (de la peinture à l’huile, à l’époque la moins chère et facile à nettoyer…) étalées généreusement sur le mur. Puis, comme dans un fondu enchaîné, apparaissent d’autres parties de mur couvertes de motifs, ceux de rouleaux polonais, créant sur le mur des fantômes de papiers peints irréguliers, sensibles…
Se répète alors le geste de l’artisan, qui voit les motifs se superposer, s’entrecroiser, effacer les figures et créer d’autres arabesques. À la fin de Rétrospective-Couloir, une épaisse couche de peinture imprègne le mur, all-over, sans figure et sans limite autre que le sol et le plafond ; l’architecture est alors châssis et support de l’œuvre.
Anne Benoit, Peindre sans fin : de la peinture sur la peinture, de la peinture sous la peinture, au sens propre et figuré, sans autre fin que la peinture elle-même (extrait)



ASLI TORCU
Née en Turquie (1981), Asli Torcu actuellement vit et travaille en France, notamment en région parisienne depuis 2005. Après avoir terminé sa licence dans le département de peinture à l’Université de Beaux-arts de Mimar Sinan (Istanbul), elle a poursuivi ses études en France et obtenu son titre de docteur à l’Université Paris VIII où elle a également enseigné.
Mon processus prend son départ dans une recherche de l’atmosphère picturale qui structure l’univers de chacune de mes peintures. Au commencement, cet espace est abstrait, composé de couleurs et de formes la peinture est faite de multiples temporalités par une stratification de la matière picturale. Dans ma démarche, la mémoire est la source d’où émane l’imagination, elle fait apparaître les bribes de l’intimité et je cherche à rendre visible la présence affective dans cette résonance. Les principales préoccupations de mon travail artistique sont se souvenir-oublier, résister contre le temps ou étreindre la disparition, la vie-la mort, etc.
Mon intérêt pour les photos vernaculaires ou les documents du passé se développe autour de ces axes dans le cadre de l’intime et l’affect. Dans mes œuvres, basée sur des données figuratives (ou non figuratives), se croisant avec les images apparaissant et disparaissant au fil du processus de création, la couleur assume sa fonction de créer une atmosphère de rêve déclenchée par l’affect, un espace de mémoire en perpétuelle transformation. Je recherche à rendre visible cette atmosphère qui pénètre dans les profondeurs de la pensée créatrice. L’enjeu de ma peinture consiste aussi à travailler la figure et la profondeur en transparence, dans les teintes grasses de la couleur, les couches aveugles, la matière, le trait, dans le but de toucher un équilibre, un lieu commun entre mon for intérieur et ma pensée.



ALEXIS TROUSSET
Questionné sur la nature hybride de son travail et sur son choix de ne peindre pratiquement que des réseaux, Alexis Trousset répondait « Si je m’intéresse à la question des réseaux, c’est parce que c’est ce qui me semble être le plus proche de nous, tout du moins qu’ils fonctionnent comme une interface, comme quelque chose qui est entre nous et la réalité, à la fois un maillage, un piège, une toile d’araignée, mais également une sorte de filtre de compréhension du monde. Dans le fond, ce qui m’intéresse, c’est leur possibilité d’évocation, ils sont eux-mêmes en métamorphose. Cette question est fondamentale dans la compréhension de mon travail. Je ne cherche pas à graver, ni à dessiner, ni à écrire, ni à peindre, mais tout simplement à faire des allers-retours entre tous ces médiums. Je ne désire absolument pas représenter la réalité, mais à en sortir des forces, des énergies qui en émergent plastiquement. Souvent, je commence avec un élément de départ répétitif, mais au fil du temps, il évolue et se transforme de manière organique. Les recherches passent par des séries, qui génèrent de nouvelles formes au fur et à mesure de leur développement, dans la durée. Les éléments de base tels que les lignes, les points, les micro-reliefs et les tâches sont méticuleusement travaillés, ajoutés, retirés et perforés dans le support, pour créer une sorte de dynamique qui permet d’osciller entre l’ordre et le désordre, et permettre le surgissement de formes. Les couleurs sont soigneusement choisies pour leur ambivalence, souvent des gris colorés, des noirs bleutés ou rouges, des blancs subtils, de la poudre d’aluminium ou de la cendre. À un moment donné, mes compositions vibrantes évoquent des phénomènes tels que la foudre, les effluves, des auras, des racines, de la poussière, des métastases, des connexions étranges ou des processus révélant une exploration profonde des forces entropiques et des processus qui transforment la matière ».
Alexis Trousset : « prima energia » 2025


MANON VELARD
Durant mon DNSEP, j’ai travaillé autour du motif végétal qui se déploie entre la pratique du monotype et la peinture. J’utilise le monotype comme moyen de peindre par la trace, en intégrant des végétaux qui deviennent à la fois matrices et pinceaux. Ces végétaux sont passés dans différentes couleurs avant d’être placés et déplacés sur un fond changeant au fil des impressions successives. C’est un protocole visible dans le triptyque Acanthe Orties. Ce travail donne naissance à une série de peintures aux couleurs vives, en contraste avec les monotypes qui se limitent à une gamme de deux ou trois couleurs aux tons rabattus, créant ainsi un effet de suspension temporelle.
Feu Acanthe, L’Escalier dans la Jungle, Amaryllis :
Cette série, inspirée du motif végétal, célèbre la nature tout en laissant place à des réflexions personnelles. Le style puise dans les mouvements d’avant-garde tels que le cubisme, le rayonnisme et l’expressionnisme, avec des lignes angulaires et une fragmentation des formes. L’intensité des couleurs vives et saturées génère un dynamisme et différentes énergies. Les teintes se mélangent et se contrastent, capturant l’œil du spectateur. Formes et couleurs sont utilisées pour exprimer des émotions ou perceptions subjectives, plutôt qu’une représentation réaliste.



HUGO VILLASPASA
Hugo Villaspasa vit en hautes couleurs. Il nous invite à pénétrer un univers singulier, où la répétition devient rituelle et la forme, une empreinte sensible. À la manière de Claude Viallat, son œuvre se bâtit lentement, patiemment, à partir de matrices qui impulsent, orientent, laissent surgir la perspective insufflée par l’artiste.
Dans cette mécanique de la répétition, l’image revient inlassablement. Mais loin d’une redite, chaque reprise révèle une émotion neuve, un déplacement subtil de la pensée ou du geste.
Alice Clisson
https://www.instagram.com/hugovillaspasa/



DOMINIC VIRTOSU
Né en 1983 à Bucarest (Roumanie), Dominic-Petru Virtosu enseigne les arts plastiques à l’Ecole supérieure d’art de Dunkerque/Tourcoing depuis 2018.
Son univers pictural, ancré dans la pratique de la peinture à l’huile, se caractérise par un goût prononcé pour la couleur pure, la spontanéité et l’intuition. À travers une imagerie foisonnante - chevaux et lustres surréels, cactus psychédéliques ou jungles mentales - il construit un monde à la fois ludique et chargé de sens.
Derrière l’apparente légèreté de ses sujets, Virtosu mobilise une grande rigueur technique acquise au cours d’une formation axée sur la maîtrise du médium et l’approfondissement de la pratique.
Sous les teintes éclatantes se déploie un espace intérieur complexe, nourri de rêves, de pensées, de fragments émotionnels. Le spectateur est invité à une lecture active, libre d’associations et d’interprétations. Si la peinture demeure son médium de prédilection, c’est la figuration, la représentation du sujet, qui en constitue le cœur.



ANTOINE WATEL
Kelpie
Le titre de cette toile fait référence à la créature issue de la mythologie écossaise: le Kelpie. Souvent représentée sous la forme d’un cheval (mais elle est également polymorphe) aquatique, réputée très dangereuse par son habitude à séduire les humains par sa très grande beauté pour ensuite les noyer voire à les dévorer, elle rappelle la figure antique de la sirène qui, par ses chants, attirrait les hommes dans les profondeurs de la mer.
Dans les mythes et légendes, les chevaux sont souvent associés au culte de l’eau, élément qui est par nature dualiste, dispensatrice de vie mais aussi de mort.
Dualités, unions et affrontements des opposés constituent la base de mon activité picturale.
Le motif floral que j’utilise exclusivement dans mon travail, n’est plus prétexte à un acte purement décoratif mais devient la trame de conflits des contraires, des antagonismes, ceux-ci provoquent les dynamiques des formes, des couleurs, du mouvement sur la toile.
Comme l’eau, le motif floral obtient ainsi une nature double, une médaille avec sa face et son revers, ombre et lumière, ordre et chaos où le regard est susceptible de se perdre.
Mes travaux sont à l’image de mon entendement se perdant dans le labyrinthe chaotique de la réalité.



