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TOUT PEINDRE — Exposition Jean-Luc Poivret

Dernière mise à jour : 16 déc. 2022

Du 25 février au 23 mars 2022 — Galerie de l'école, Esä, site de Dunkerque

Vernissage en trois lieux le 25 février 2022 :

  • au LAAC — 17h30

  • à l'Esä — 18h30

  • à la Plate-Forme — 19h30

Jean-Luc Poivret, Brioche, 2009 - 35,2 x 26,4 cm — Collection de l'Esä, site de Dunkerque © Esä

À l’occasion de la sortie de l’édition Tout peindre consacrée à l’œuvre de Jean-Luc Poivret, La Plate-Forme, l’École supérieure d’art | Dunkerque-Tourcoing et le LAAC, offrent chacun une exposition sur les thèmes chers à l’artiste, avec pour fil conducteur son rapport au livre qui, entre ses mains, s’affranchit de sa fonction première pour devenir support de création. En annotant les pages de mots ou de dessins, l’artiste révèle son univers imaginaire et créatif, fortement inspiré par les mondes scientifiques, de l’aviation, et de la cuisine.


Expositions :


Du 15 février au 23 mars 2022

À LA PLATE-FORME, LABORATOIRE D’ART CONTEMPORAIN – Dunkerque


Du 25 février au 23 mars 2022

À L’ÉCOLE SUPÉRIEURE D’ART - site de Dunkerque


Du 26 février au 5 juin 2022

Au LAAC – LIEU D’ART et ACTION CONTEMPORAINE – Dunkerque

 

Né en 1950 à Bayeux et décédé en 2017 à Dunkerque, Jean-Luc Poivret commence sa carrière comme maquettiste et éditeur, après avoir étudié à l'École Estienne puis à l'École normale supérieure de Cachan. C'est à partir des années 80 qu’il se fait connaître en tant qu’artiste par la pratique de la peinture et du dessin, qu'il affectionne depuis toujours. Dès le début, son travail est marqué par la volonté de s’échapper de la toile et du châssis. Ses premières œuvres abordent des problématiques proches du mouvement Supports-Surfaces ; toiles de grand format non tendues ou création de petits objets « rituels » tels que des croix en argile déposées dans des lieux publics, etc.


En 1980, la photographie d’un journal commémorant le vol Paris-New York de 1930 le marquera comme une évidence et débutera alors un travail influencé par le milieu de l’aéronautique. Les prémices de ce travail commencent par la représentation d’avions tout en rejetant ses implications symboliques et psychologiques, et dont la forme rappelle les croix colorées qu’il peignait à l’époque. Fascination qu’il explique lui-même en 1986 : “ cet intérêt me vient de Malevitch. La formation post-bauhaussienne que j’ai reçue a été primordiale. J’ai étudié la théorie de la couleur et les écrits de Malevitch. Et, j’ai considéré la profonde actualité des pages où il parle des “camarades aviateurs” guerriers errants appartenant à une communauté spirituelle”.1


De la même manière, la problématique du support se trouve peu à peu résolue lorsque lui vient l’idée de peindre directement sur l’aluminium du fuselage ou sur d’autres éléments d'avions historiques des années 40.50.60, qu’il achète, récupère. Ce modus operandi deviendra caractéristique de son œuvre. Il choisit délibérément la peinture brillante (la laque américaine) en écho à la brillance du métal : « Plus qu'une question formelle, il s'agit pour moi d'une affaire de langage ; j'aime l'expression : avoir des idées brillantes ! 2 ». Il y peint des formes abstraites, figuratives ou ayant un lien au gustatif, à la gastronomie (saucières, fromages, brioches, mille-feuilles) mais aussi des architectures imaginaires ou des éléments de moteur sortis de livres sur l’aviation. Il y conjugue surface et volume, le sens des mots et des objets, le cosmos et la matière en vue d’établir tout un système virtuel donnant accès à une connaissance plus élevée des secrets de l’univers : « Pour moi, il n'y a ni terre ni ciel, mais une forme, plutôt comme un immense hangar en sustentation... Les pragmatiques de l'aviation considèrent leur activité comme un moyen de transport fonctionnel qui sert à voyager d'un point à un autre... Je ne suis évidemment pas de ce côté-là ! Pour moi, l'avion est un mot. Je peins un mot, je ne peins pas un objet. En ce sens, je ne considère pas les morceaux d'avion que j'utilise comme des sculptures. Ce serait plutôt des mots en surface... »3


Si l’aéronautique passionne Jean-Luc Poivret par sa forme et sa philosophie, c’est également le cas de son vocabulaire spécifique ; les mots ont une place très importante dans son œuvre, c’est notamment visible à travers les titres qu’il donne aux pièces : Machine pour léviter, 1991 ; Escalade du ciel, 1991 ; Machine d’observation, 1991 ; Machine de lévitation portable, 1991…

« Ce sont les mots qui me parlent et qui me font peindre » dit-il, « je ne peins pas une forme4 ».


De 1990 jusqu'à sa mort en 2017, Jean-Luc Poivret enseigna la peinture à l'École régionale des beaux-arts de Dunkerque, devenue en 2010 l’École supérieure d’art du Nord-Pas de Calais / Dunkerque - Tourcoing.



Les bibliothèques d’artistes

Le fonds Jean-Luc POIVRET

Les bibliothèques d’artistes sont une source essentielle dans la compréhension du parcours de l’artiste et de son œuvre. En véritables témoins, elles nous renseignent sur leurs intérêts, leurs goûts, leurs recherches et nous donnent les repères nécessaires pour apprécier les concepts développés par son détenteur, pour percevoir la circulation des idées et s’approcher au plus près de l’élaboration de l’œuvre.


Il en est de même avec la bibliothèque de Jean-Luc Poivret, actuellement conservée au sein de l’École supérieure d’art - site de Dunkerque. Fonds constitué de plus de 1079 documents, un “tout” indissociable considéré comme une constellation d’indices bibliographiques variés sur l’œuvre de l’artiste.


La bibliothèque de Jean-Luc Poivret, riche dans sa diversité, met en évidence l’intérêt du peintre sur des thématiques propres liées à son travail pictural. On peut y voir que l’artiste aborde des sujets variés et cultive une recherche universaliste bâtie sur une littérature pointue et érudite couvrant de nombreuses disciplines telles que la poésie, la littérature, les sciences physiques, les mathématiques, la philosophie et bien entendu l’aviation, la gastronomie, l’art, l’architecture…

Parallèlement, en bibliophile averti, sa bibliothèque se constitue également de livres d’artistes, de livres-objets, de revues ou d’éditions, dans lesquelles il est lui-même intervenu en tant qu’artiste ou éditeur.


Cette documentation inédite, présentée ici pour la première fois, nous offre un accès direct à la genèse du travail de création et reconstitue l’imaginaire du peintre. Nous pouvons apprécier les nombreuses références qui composent son discours, ses axes de recherche et nous donnent les clés pour appréhender son œuvre dans sa globalité.


En parcourant les livres, nous basculons très vite dans l’intimité des lectures du peintre. Les livres présentés au sein de l’exposition témoignent des schémas de pensée et autres structures mémorielles de l’artiste que ce dernier matérialise directement sur les pages par de nombreuses annotations, citations ou dessins précisant soit une observation, soit formalisant une intuition. Loin d’être anecdotiques, ces annotations nous en disent beaucoup sur l’usage de la lecture et sur les modalités de travail de Jean-Luc Poivret. On peut, à juste titre, considérer ces notes comme une sorte de méthodologie de travail, articulant les pistes, les renvois à un ouvrage ou à une idée.


Nous pourrons également observer que certains ouvrages plus occupés par l’artiste en deviennent un matériau artistique à part entière, c’est le cas par exemple avec le livre de recettes intitulé « mille et une feuilles » où l’artiste intervient directement sur les visuels qui illustrent les différentes recettes de gâteaux et autres pâtisseries pour y déposer un trait ou un dessin donnant ainsi au livre un caractère particulier et le faisant basculer vers un autre statut qu’on pourrait définir comme véritable livre d’artiste.


Nul doute que ses annotations étaient avant tout d’usage personnel mais on pourrait également avoir l’impression que Jean-Luc Poivret avait envisagé l’existence d’un futur lecteur potentiel et destiné ses notes à poursuivre le dialogue sur son œuvre. C’est ce que nous souhaitons inciter avec l’exposition Tout peindre. La présentation de cette source exceptionnelle embrasse la tentative théorique de renouveler le tête à tête et d’appréhender au plus juste la démarche de l’artiste.

 

1 - Extraits du catalogue L’art moderne à Marseille - La collection du Musée Cantini, cat.exp. du 9 juillet au 19 septembre 1988, Marseille, 1988.


2 - Jean-Luc POIVRET lors des entretiens avec Gilles FOURNET, le 26 mars 2006.


3 - Entretien de Jean-Luc POIVRET avec Bernard MARCADÉ, 1997. Extraits du catalogue A ET RIEN, édité par le Musée d'Art Contemporain de Dunkerque, 1997.


4 - Entretien de Jean-Luc POIVRET avec Albert CLERMONT, « On peint sur de la peinture », 10 octobre 2010, La Plate-Forme – laboratoire d’art contemporain. (https://www.youtube.com/watch?v=_435n7HciaU).


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