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En 1978 avec La Berge, j'ouvrais une parenthèse
Exposition Philippe Robert

GALERIE EXUTOIRE, DUNKERQUE

EXPOSITION




Philippe Robert fait partie de ces artistes-éditeurs émérites qui font de leur vie leur art et dont la pratique consiste en l’édition de publications comme actes artistiques, restituant tour à tour ses propres lectures-conférences ou celles réalisées avec d’autres artistes et écrivains. Il ne s’agit pas ici de livres à propos de l’art, mais bien de livres d’artistes considérés comme œuvres à part entière et très souvent édités en tirage limités. Philippe Robert s’oriente tout d’abord vers des études d’arts graphiques à Roubaix puis poursuit sa formation au sein de l’École Régionale Supérieure d’Expression Plastique (ERSEP) de Tourcoing où son travail s’oriente rapidement vers l’écriture et la publication. En 1986, sous l’impulsion de Jean Geslin, alors directeur de l’école d’art de Dunkerque, il intègre la jeune équipe pédagogique de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts (ERBA) dans l’objectif de construire et mener un atelier édition, à la seule condition que cet atelier ne devienne pas un simple outil d’accompagnement éditorial, mais bel et bien un espace de création spécifique. Tout était à créer à l’époque et se lancer dans un tel défi à la fois pédagogique et artistique était une opportunité très engageante.


Créateur des Éditions du Carreau, Philippe Robert nous invite dans sa série éditoriale intitulée La Petite collection, à partager des rencontres, des instants poétiques, des histoires parfois intimes ou parfaitement décalées comme pour rendre possible une autre ouverture au monde, le tout dans un espace/temps spécifiquement dédié comme autant de Promenades accompagnées, si l’on reprend le titre d’un de ses livres. Sa « petite collection » s’enrichit régulièrement de nouvelles éditions rassemblant textes et images, archivant les traces de ses performances et lec- tures qu’il réalise seul ou avec la complicité d’artistes et amis. Pour lui, faire des livres est une activité constante, nécessaire, considérant sa production artistique comme vouée à l’impression, à la multiplication et à la diffusion. Cette exposition présente également quelques éditions et livres-objets réalisés par et avec les étudiants dans l’atelier Éditions de l’École Supérieure d’Art de Dunkerque. C’est au sein de ces ateliers de création que Philippe Robert partage sa passion pour les livres et son rigoureux et estimé savoir-faire. Veillant sur chaque étape du processus créatif, il incite l’étudiant à réfléchir sur le choix du format, sur la gestuelle de lecture en pensant avant tout au corps (celui du lecteur) qui le prendra en main. La mise en page vient ensuite en fonction du type de brochure choisi, de l’orientation (à la française ou à l’italienne). Pour se saisir parfaitement de cette forme de création, il faut alors considérer l’édition comme un lieu d’exposition au même titre qu’une salle de musée ou de galerie avec son propre espace-temps. Il en résulte alors une production riche, de qualité réalisée lors d’ateliers (Livres vites, Cabane d’éditions...) et présentée lors de restitutions publiques.




Ces événements sont également l’occasion pour les étudiants de proposer une scénographie spécifique où se mêlent performances et autres dispositifs de présentation. Exposer des livres n’est jamais une chose aisée ! On appréciera dans le travail de Philippe Robert, ce côté humblement folâtre qu’on découvre à travers les lectures et ses procédés d’écritures où il nous invite à faire un pas de côté, à jouer avec les mots, à nous déplacer autrement, à entendre et à saisir la sonorité et la beauté des mots, d’un texte, d’une histoire... Il aime surprendre, étonner et bricoler des dispositifs, c’est le cas notamment dans Rotations articulatoires, une lecture réalisée avec la complicité de l’artiste Didier Cattoën, où les poèmes qui constituent ces Rotations sont alors déclamés sous un dispositif rotatif et sur lequel pendent des langues de bœufs, cognant au hasard les deux protagonistes ; ou encore avec Quatorze vues à porter où l’artiste porte, accroché sur sa chemise, un texte qu’un curieux, rencontré au hasard d’une balade, ne pourra lire qu’en s’approchant très près de lui. Ensuite, les quatorze textes, quatorze pages tout d’abord éparpillées, seront rassemblés dans un livre. (en 1978 avec La Berge, j’ouvrais une première parenthèse..., c’est donc par cette phrase, cette parenthèse que s’ouvre symboliquement l’exposi- tion introduisant par ces quelques mots le début d’un récit dont l’artiste est le narrateur. C’est bien ce signe typographique qui exprime ici l’élément le plus important. La parenthèse marque en effet, le début d’une phrase, le commencement d’une histoire, d’une rencontre, d’un projet.


Ce texte déployé tout au long du parcours de l’exposition est tour à tour ponctué par d’autres parenthèses relatant de nouvelles histoires liées à la carrière de l’artiste. Tout s’articule dans l’œuvre de Philippe Robert, les maisons d’édition créées par l’artiste, les projets entremêlés d’histoires et de souvenirs liés à la fois à l’école, au travail pédagogique, au travail personnel, à la vie privée. Dans cette exposition, l’artiste montre tout ou presque ; et la place de l’archive y est primordiale, c’est donc naturellement que certaines éditions ont été offertes à la bibliothèque de l’école d’art, dans un souci de conservation et surtout de diffusion. Les éditions présentées en vitrines sont donc consultables en bibliothèque. De Cabane d’éditions vers le retrait, Philippe Robert raconte : “ [...] Et puis en 2016, j’étais invité à l’École nationale supérieure d’art de Limoges lors d’un workshop dont l’objet initial était, si je me souviens bien, la maison d’édition. Une semaine déplacée à Limoges sera le premier opus de Cabane d’éditions, un atelier que je proposerai pendant plusieurs années, cette fois aux étudiantes et aux étudiants de mon école. Une des onze Cabanes qui occuperont mon temps jusqu’à le transformer en une retraite.)








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