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LE MONDE EXTÉRIEUR — Publication

De Maurizio Ferraris, traduit de l'italien et présenté par Cyril Crignon, philosophe et enseignant à l'Esä.

Initialement publié en 2001, Le Monde extérieur, qui articule le tournant réaliste du philosophe italien autour de l’expérience de type perceptuel, est sorti le 17 novembre prochain dans la collection « Passages » des éditions du Cerf, traduit et introduit par les soins de Cyril Crignon.


Si Maurizio Ferraris s’attaque ici de nouveau à la Critique de la raison pure, ce n’est pas simplement pour conclure à l’inopérativité du schématisme de l’imagination transcendantale : en faisant cela, il remet radicalement en question cette vague de fond qui a emporté le gros de la philosophie à partir de Kant.

Le conceptuel s’étant dès lors immiscé jusque dans l’expérience la plus ordinaire, le monde fut placé sous la dépendance préalable d’un sujet qui, à bien y réfléchir, s’avère plus problématique que ne l’est l’ornithorynque. Ferraris y débusque un « sophisme transcendantal » potentiellement ruineux pour notre sens des réalités, dont il perçoit l’écho dans cette sentence nietzschéenne devenue le cri des ralliement des Post-modernes : « il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations ».

Principalement connu en France pour ses travaux sur des objets sociaux tels que le Web ou le Smartphone, le philosophe italien semble avoir pressenti, bien avant que nous n’entrions dans notre époque de fake news et de faits alternatifs, l’urgence morale qu’il y avait, pour la pensée, à redécouvrir ce monde qui se tient farouchement au-dehors : un monde qu’elle n’a ni fait ni à faire, mais dont elle doit tenir compte dans ses raisonnements et ses analyses.

Pour contrer le constructivisme échevelé des Post-modernes, Le Monde extérieur orchestre magistralement un thème appelé à jouer un rôle majeur dans ce « Nouveau réalisme » dont son auteur a publié le Manifeste en 2014 : venu de l’école italienne de la Psychologie de la Forme et, plus précisément, de la « physique naïve » de Paolo Bozzi, ce thème est celui de l’inamendabilité, par nos concepts, d'un monde que l’on rencontre, non pas exclusivement mais exemplairement, dans la perception.

La grande force de ce livre est alors de mettre au jour ce « sol rocailleux » du monde où Wittgenstein tordait la bêche du langage, dans un style inimitable où la rigueur conceptuelle et la clarté argumentative le disputent à une irrésistible loufoquerie.

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